Mérule : cette menace invisible qui ronge les structures en silence

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La loi reste muette pour la plupart du territoire : aucune obligation nationale de signaler la mérule après sa découverte, hormis dans quelques secteurs définis par décret préfectoral. Pourtant, une maison rongée sans intervention peut engloutir des dizaines de milliers d’euros en travaux. Les assurances, elles, ferment généralement la porte à ce fléau et l’excluent de leurs garanties habitation.

Certains diagnostics immobiliers passent à côté, même lorsque les signes sont déjà visibles. Des ventes continuent ainsi, les nouveaux occupants héritant d’un mal invisible, sans l’avoir su au préalable.

Mérule : comprendre ce fléau discret qui menace nos habitations

La mérule (Serpula lacrymans), qualifiée de cancer du bâtiment, infiltre les maisons et s’attaque silencieusement à toutes les structures en bois. Ce champignon lignivore prospère dans l’humidité, l’obscurité, les coins oubliés et les pièces mal aérées. Planchers, charpentes, fondations : aucun recoin n’est épargné. En Bretagne, dans le Nord, le Massif Central ou le Finistère, la vigilance est de mise tant l’infestation sévit régulièrement.

Mais la mérule ne se contente pas de ruiner la structure : elle disperse dans l’air ses spores, qui aggravent les troubles respiratoires. Allergies, asthme, bronchites récurrentes peuvent surgir ou s’aggraver chez les habitants. Côté patrimoine, l’impact se révèle tout aussi brutal : la valeur d’une maison touchée dégringole, et les travaux imposés atteignent rapidement des sommets.

Détecter la mérule exige un œil exercé, car elle progresse à l’abri des regards, derrière les murs ou sous les lames du plancher. Dans les zones sensibles, seul un spécialiste mérule certifié en Bretagne peut établir un état des lieux précis et proposer une solution adaptée. La mérule traverse tout ce qui la sépare du bois sain : plâtre, briques, béton fissuré. Sa vitesse d’expansion surprend : jusqu’à 12 centimètres par semaine, sapant sans relâche la stabilité du bâtiment.

Les principaux dangers présentés par la mérule peuvent être résumés ainsi :

  • Prolifération rapide en présence d’humidité et de mauvaise ventilation
  • Conséquences sanitaires dues à la dispersion de spores dans le logement
  • Perte de valeur immobilière marquée dès qu’une infestation est avérée

Quels sont les signes d’alerte et comment reconnaître la présence de mérule chez soi ?

La mérule opère dans l’ombre. Elle élit domicile dans les endroits humides, peu aérés, là où l’œil ne s’attarde pas. Avant même de voir le danger, on le devine souvent à l’odeur : un parfum de moisissure tenace, terreux, s’invite dans la cave ou le sous-sol. Les murs et le bois exhalent alors une présence inhabituelle.

Sur les surfaces, on repère parfois des filaments blancs ou gris, traces du mycélium. Ils serpentent le long des plinthes, sous les planchers, derrière les cloisons. D’autres fois, des cordons bruns ou noirs,les rhizomorphes,s’étalent sur le bois ou la maçonnerie. Le bois, auparavant solide, s’effrite sous les doigts et se morcelle en petits cubes, symptôme d’une attaque avancée. Plinthes déformées, spores couleur rouille qui tapissent les surfaces : autant de signaux qui doivent alerter.

Pour reconnaître plus facilement la mérule, voici les signes à surveiller :

  • Odeur de moisi persistante, surtout dans les parties basses ou près des plinthes
  • Filaments blancs, gris ou cotonneux sur le bois et les murs
  • Bois qui se désagrège ou perd sa solidité
  • Apparition de spores brunâtres ou de cordons sombres
  • Plinthes gondolées, cloques sur les murs ou les revêtements

D’autres champignons, moisissures ou salpêtre peuvent prêter à confusion. Pour ne pas se tromper, mieux vaut faire appel à un expert. Ce professionnel saura poser un diagnostic précis, mesurer l’ampleur du problème et indiquer la marche à suivre. Agir dès les premiers doutes reste la meilleure arme contre cette menace silencieuse.

Prévenir et agir : les bonnes pratiques pour protéger durablement sa maison

La première défense contre la mérule, c’est une gestion rigoureuse de l’humidité. Ce champignon affectionne les maisons où l’eau s’infiltre, où la ventilation fait défaut. Il faut traquer la moindre fuite, corriger sans tarder tout défaut d’étanchéité. Une ventilation efficace,naturelle ou via une VMC,maintient l’air sain et limite les excès d’humidité. Dans les pièces à risque, un déshumidificateur peut s’avérer utile.

Les matériaux vulnérables à l’eau, comme les plinthes, planchers, charpentes, méritent une attention régulière. Au moindre doute, il convient d’évacuer sans délai les éléments contaminés. Pour traiter la mérule, seuls des produits fongicides professionnels se montrent efficaces. Les remèdes maison,eau de javel, vinaigre,ne font pas le poids. En prévention, le bois sain peut être protégé avec un produit adapté (xylophène par exemple), mais ce traitement n’éradique pas une infestation installée.

À surveiller :

Voici quelques pratiques à mettre en place pour limiter les risques d’apparition de la mérule :

  • Aérer chaque pièce régulièrement
  • Colmater les fuites et infiltrations dès qu’elles sont repérées
  • Assécher caves, sous-sols et planchers si besoin
  • Contrôler périodiquement la charpente et les plinthes

La présence de mérule dans une maison peut être considérée comme un vice caché lors d’une transaction immobilière. Dans les zones exposées, un diagnostic est parfois demandé avant la vente. Les dégâts provoqués, souvent très coûteux, ne figurent que rarement dans les garanties d’assurance habitation.

La mérule ne laisse rien au hasard : elle progresse sans bruit, mais impose ses conséquences avec fracas. Prévenir, surveiller, agir vite,c’est le prix à payer pour que votre maison ne devienne pas, un jour, une coquille vide rongée de l’intérieur.